INNOTUB progresse dans le développement de nouveaux vaccins innovants contre la tuberculose.

25 août 2025

Malgré les progrès importants réalisés grâce aux programmes d’éradication de la tuberculose bovine, fondés sur la surveillance dans les abattoirs et sur l’application dans les troupeaux du test de diagnostic in vivo officiel (test d’intradermotuberculination), avec l’élimination conséquente des animaux réagissant à ce test, la tuberculose animale reste un problème majeur. Chaque fois qu’elle est sûre, efficace et compatible avec le diagnostic, la vaccination représente un outil rentable et prometteur qui peut contribuer à réduire l’impact et la propagation de cette infection. Elle est particulièrement intéressante dans les régions où la stratégie d’éradication mentionnée est socioéconomiquement non viable ou a échoué pour des raisons telles que la réapparition d’infections résiduelles liées aux limites des tests diagnostiques, ou la présence d’espèces domestiques et sauvages qui agissent comme réservoirs de l’infection.

Le vaccin vivant atténué Mycobacterium bovis BCG, actuellement le seul autorisé pour les humains, est aussi celui qui a fait l’objet du plus grand nombre d’études chez les animaux, montrant une efficacité chez les bovins et les caprins. Cependant, son utilisation dans des conditions de terrain n’a pas été mise en pratique, car la protection qu’il confère est partielle, en raison de la possible persistance des bacilles BCG dans les produits d’élevage ou dans l’environnement, et du fait que les individus vaccinés peuvent donner un résultat positif au test d’intradermotuberculination sans être infectés (faux positifs). Afin de rendre le BCG compatible avec un diagnostic correct, des réactifs définis capables de différencier les animaux infectés des animaux vaccinés (DIVA) ont été développés. Nos groupes de recherche ont également misé sur l’utilisation de vaccins inactivés préparés avec des bactéries mortes, contournant ainsi les problèmes de durée de vie et de persistance du BCG, entre autres. Des résultats comparables en termes de protection et d’interférence à ceux du BCG ont été obtenus dans de nombreuses études. Par ailleurs, étant donné que l’inactivation par la chaleur peut dénaturer de manière incontrôlée des antigènes bactériens qui peuvent être importants pour induire une stimulation adéquate de la réponse immunitaire, nous avons envisagé d’explorer la possibilité d’inactiver les mycobactéries pour le développement de vaccins à l’aide de bactériophages. Les mycobactériophages infectent et tuent les mycobactéries par le biais d’enzymes spécifiques ciblant leur enveloppe cellulaire complexe, ce qui permet au répertoire antigénique de rester plus intact qu’avec un traitement thermique.

Grâce au travail de collaboration entre les membres du réseau INNOTUB II NEIKER, IRTA-CReSA et ANSES, avec le soutien de l’Universidad Autónoma de Madrid et de l’Animal and Plant Health Agency du gouvernement britannique, nous venons de publier un article dans la revue scientifique Frontiers in Veterinary Science. Celui-ci présente les développements préliminaires de trois vaccins basés sur M. bovis, M. caprae et M. microti inactivés par phages, comparés à trois autres élaborés à partir des mêmes mycobactéries inactivées par la chaleur et à un vaccin vivant atténué de M. microti, ainsi que les résultats obtenus dans l’évaluation de leur efficacité et de leur interférence avec les techniques de diagnostic. En résumé, il convient de souligner que, bien que tous les vaccins aient induit des réactions positives au test officiel d’intradermotuberculination, ils se sont révélés compatibles avec le test intradermique lorsqu’on utilisait des réactifs DIVA. Dans l’expérience menée sur des animaux infectés, la charge bactérienne moyenne a été plus faible dans tous les groupes vaccinés par rapport au groupe témoin non vacciné, en particulier dans les groupes vaccinés avec M. microti et M. caprae inactivés par la chaleur et avec M. caprae inactivé par phages. Ces résultats prometteurs garantissent la réalisation d’études supplémentaires pour évaluer ces vaccins et améliorer l’inactivation dirigée par phages.

Ce travail a été financé par le Ministère de la Science et de l’Innovation et par l’Agence Nationale de la Recherche à travers les projets PID2019-105155RB-C33 et PID2022-142939OR-C21, ainsi que par l’Union Européenne avec un cofinancement FEDER à travers le projet EFA115/01 INNOTUB II du programme INTERREG POCTEFA 2021-2027. L’article est librement accessible au lien suivant : https://doi.org/10.3389/fvets.2025.1620497.

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